La situation de notre pays est particulièrement inquiétante. Nous vivons une profonde crise économique, sociale et même sociétale. Le quinquennat agonisant de François Hollande n’aura répondu à aucun des enjeux majeurs auquel la France est confrontée. 5 ans de perdu et une situation qui s’est encore aggravée. Cet échec a également plongé davantage notre vie politique dans une crise profonde de confiance avec les Français. Notre démocratie est malade et donc en danger, en particulier sous la poussée continue des extrêmes porteurs de projets dévastateurs et annonciateurs de chaos pour la France et l’Europe.
Face à un tel état des lieux, notre pays a un besoin d’alternance politique mais pas celle de l’éternel balancier droite/gauche qui sclérose et qui n’est plus audible pour les électeurs. Il faut une alternance par un large rassemblement voire une union nationale des forces de progrès, véritablement réformatrices et dépassant largement les clivages anciens.
Alain Juppé était le choix le plus rassurant pour porter une dynamique de rassemblement
Alain Juppé portait cet espoir de large rassemblement. Sa personnalité garantissait expérience, sens de l’Etat et capacité d’action et d’ouverture au-delà de sa famille politique. Autant de qualités qui, depuis des décennies, expliquent les succès obtenus, avec les centristes à ses côtés, dans le développement et le dynamisme de Bordeaux et de la Gironde.
Malheureusement, les électeurs de droite en ont décidé autrement, privant ainsi les Français de pouvoir choisir ce grand homme d’Etat pour conduire la destinée du pays les 5 prochaines années. Ainsi va la mécanique des primaires…
Le refus d’ouverture de François Fillon
François Fillon net vainqueur de la primaire de la droite, au lieu de s’appuyer sur cette base solide pour rassembler largement, s’est, de façon incompréhensible, arc-bouté sur son programme conservateur et très marqué par la rigueur. Il a ainsi refusé toutes ouvertures programmatiques en particulier en direction des centristes et de François Bayrou. Et pourtant malgré le succès de la primaire en terme de mobilisation, les 4 millions de votants ne représentent que 10% du corps électoral français…
Bien sûr, l’arrivée par la suite de « l’affaire Pénélope », même s’il ne faut être dupe de rien, a fini de rendre impossible une alliance entre François Fillon et des centristes, qui depuis des années militent pour une moralisation de notre vie publique.
Une 4ème candidature de François Bayrou en ultime recours ?
Le temps de cette curieuse campagne présidentielle avançant, l’identité du porteur des idées centristes restait à trouver. Nous sommes nombreux alors à avoir soutenue l’idée d’une candidature de François Bayrou, finalement, et depuis des années, le mieux placé pour défendre nos valeurs et nos idées. Nous étions aussi lucides sur le contexte extrêmement difficile d’une 4ème candidature au moment où les Français manifestent leur volonté de changement de génération et le peu de temps restant avant le 1er tour. Cette campagne s’annonçait périlleuse et à l’issue très incertaine mais garantissait une voix centriste dans le débat présidentiel.
François Bayrou en a décidé autrement en renonçant à son ambition personnelle et en proposant une alliance sous condition à Emmanuel Macron qu’il juge en meilleur situation pour gagner et faire triompher les idées qu’il porte depuis plus de 10 ans. C’est un acte rare en politique, preuve d’un sens aigu des responsabilités et de l’intérêt supérieur de la nation.
Le pari Macron
Au regard du contexte de cette élection, il faut reconnaitre que le ticket Macron-Bayrou est en capacité de gagner l’élection présidentielle sans le soutien de la droite et de la gauche traditionnelles. Situation déjà approchée par François Bayrou en 2007 mais probablement que la société française n’était pas encore prête à bouleverser le vieux clivage droite/gauche. Aujourd’hui, face à une situation dégradée et un danger des extrêmes bien plus prégnants, le temps est peut-être enfin venu…
Cette alliance séduisante sur le papier ne doit pas faire oublier les réserves et inquiétudes qui portent sur la personne d’Emmanuel Macron.
Son parcours professionnel et sa dépendance financière encore aujourd’hui vis-à-vis du milieu de la haute-finance, sa part de responsabilité dans le bilan économique de François Hollande, son très jeune âge pour assumer de grandes responsabilités, son relatif flou programmatique et ses derniers dérapages en s’aventurant notamment à commenter l’Histoire de France sont autant de signes qui méritent éclaircissement.
Alors soutenu et conseillé maintenant par François Bayrou, cela peut-il lui apporter expérience et profondeur programmatique ? C’est une des nombreuses inconnues qui entourent la campagne d’Emmanuel Macron et demain son éventuelle présidence.
La première attente que nous avons vis-à-vis d’Emmanuel Macron étant, bien sûr, sa capacité à respecter les engagements qu’il a pris en acceptant la main tendue de François Bayrou. Les 4 conditions préalables à l’alliance :
- Une véritable alternance qui tourne la page du quinquennat raté de François Hollande.
- Une loi de moralisation de la vie publique qui doit participer à recréer un lien de confiance avec les Français et éviter les dérapages et conflits d’intérêt futurs.
- Une politique soucieuse de protéger et d’entrainer les plus fragiles dans la dynamique d’unité et de redressement du pays.
- L’introduction d’une dose de proportionnelle aux élections législatives afin de garantir une meilleure représentativité des citoyens de toutes opinions.
J’y ajouterai la nécessité de préserver et de s’appuyer sur les collectivités locales et la démocratie locale pour construire le redressement de la France. Le formidable maillage des territoires que constitue nos communes et intercommunalités est un atout majeur que François Hollande a mis en grand danger par une politique d’étouffement financier. Des améliorations sont à faire mais par un nouveau pacte de décentralisation qui favorise les investissements de proximité et le dialogue citoyen.
L’alliance avec Emmanuel Macron est donc une prise de risque réelle mais quel autre choix avons-nous au regard de l’offre de cette élection présidentielle ?!
Si Emmanuel Macron confirme dans les semaines à venir qu’il donne toute sa place à François Bayrou, au MoDem et aux idées centristes, alors, oui je suis prêt à faire le pari Macron et à voter pour lui.
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Adrien Debever
Adjoint au Maire de Lacanau
Trésorier du MoDem Gironde