C’est parti ! La campagne officielle des élections européennes est lancée. Pourtant, derrière cet effet d’annonce, pas de réel changement. Depuis des semaines cette élection semble n’intéresser personne ! Ou, plus exactement, n’intéresse pas les médias. Cela est flagrant quand on sillonne la Gironde, comme nous le faisons au MoDem 33, et que l’on rencontre des relais-presse extrêmement laborieux.
Il est incontestable que l’Union Européenne et les eurodéputés ont leur part de responsabilité dans le désintérêt des populations envers cette élection : communication insuffisante en dehors des campagnes électorales, pas de lien régulier avec le terrain, ni de volonté de réelle transparence dans les actions.
Néanmoins, cela n’explique pas l’attitude actuelle des médias en France, et la situation est assez aigue pour tenter une analyse. Ce n’est un secret pour personne que le monde médiatique, sans être sous tutelle politique, est contraint par le rythme de l’hyper-présidence à mettre en lumière les sujets choisis par l’Elysée…
Fort de ce constat, on peut donc considérer par déduction que les sujets importants qui ne sont pas traités sont volontairement enterrés par le pouvoir politique en place. Vous me voyez venir !… La conclusion est donc que l’UMP fait tout, et en l’occurrence rien, pour que cette campagne soit relayée et appuyée par les médias, ce qui risque d’entraîner une participation très faible des électeurs français.
L’explication d’une telle attitude est sans doute à rechercher dans la peur du vote-sanction contre la politique du gouvernement (la base électorale du l’UMP pesant d’autant plus lourd que l’abstention sera forte).
Mais laissons là les hypothèses et les calculs purement politiciens. En effet, ce comportement n’est, ni plus ni moins, qu’une manipulation de l’électeur que l’on cherche à dissuader d’aller voter.
Le vrai problème concerne le poids de cette abstention, qui aura des conséquences bien plus graves que de simples calculs politiques de bas étage.
Une abstention massive c’est donner un blanc seing à tous ceux qui souhaitent le statu quo : ceux qui sont très satisfaits (car étant les principaux bénéficiaires) de l’Europe d’aujourd’hui, opaque et non démocratique.
Les gens que nous croisons tous les jours dans cette campagne et qui nous indiquent leur volonté de manifester leur mécontentement vis-à-vis d’une Europe pas assez démocratique, vont en réalité, s’ils s’abstiennent de voter, provoquer l’effet inverse en figeant l’Europe dans son état actuel. Donc attention à la manipulation !
Nous sommes nombreux à savoir que le parlement européen que nous allons renouveler le 7 juin ne peut pas tout changer et que de nouveaux traités sur la gouvernance et sur les grands objectifs (Europe sociale, fiscale…) sont nécessaires. Mais pour obtenir ces changements, il faut au départ une envie et un intérêt démontrés par les peuples européens afin de mettre la pression sur leurs élus. En démocratie, la démonstration la plus claire étant toujours dans le vote…
Le 7 juin, n’ayons pas peur d’emprunter le long chemin du changement, votons !
Adrien Debever